Au revoir du P. Dominic

Messe du 26 août 2018

Quelle histoire ! Surement celle du bonheur ! Mais aussi celle qui nous remplit d'étonnement à propos du mystère du temps.  Mine de rien, cinq ans se seraient écoulées dans quelques jours (ce 3 septembre), pour mon séjour à notre chère paroisse Saint Luc. Je me rappelle y être arrivé un jour après l'abbé Yvonnick, mon prédécesseur et ami, le 3 septembre 2013, après avoir été 3 ans à Bamako (Mali). Il me semble toujours comme si c'était hier vite passé.
Si ces années se sont écoulées doucement et n'ont pas été vues passées, c'est bien un signe de votre bon accueil et de l'entourage chaleureux que vous avez été pour nous, bien-aimés. Surtout pour moi, prêtre missionnaire venant de loin, arrivant dans une terre bien différente culturellement. Mais votre sympathie chrétienne a pu être une des premières choses qui m'ont aidé à me détendre. Elle m'a rassuré de la fraternité universelle dont l'Église du christ est le témoin par excellence. Je vous en remercie infiniment, chacun d'entre vous. Et tout spécialement ceux qui l'ont montrée par leur proximité et leur sensibilité. C'est pourquoi c'est aussi et principalement une histoire de la grâce.


Ma vie est une histoire de grâce. Il y a deux ans, après mes études de licence canonique en théologie fondamentale, j'ai soutenu un mémoire sur la Providence. Cela a toujours été ma foi et ma profonde conviction. On n'est jamais tout seul ; mais on est toujours porté par une main invisible. Elle est certainement celle de Dieu. Le fait de passer parmi vous dans mon chemin de vie est sans doute une œuvre de la Providence divine. Cela a dû commencer avec ma rencontre avec l'abbé Yvonnick au Mali, il y a 8 ans. Je le remercie pour sa contribution à ma réussite jusque-là. Je remercie également l'évêque qui m'a accueilli sur le diocèse et m'a envoyé à la paroisse Saint Luc. Ces années ont été vécues aussi avec l'amitié profonde et sincère du Père Serge Moisan, que je remercie et que je confie toujours à vos prières.
On dit que seul le changement est permanent. Et un proverbe latin nous rappelle que tout ce qui commence finira un jour. Il est temps donc de dire au revoir et de céder la place aux autres. L'Esprit du Christ travaille son Église aussi par la richesse de la variété. Heureusement, mon successeur, le P. Matthieu, un prêtre sympathique, va pouvoir dynamiser les choses et assurer mes manquements. Je vous prie beaucoup de lui accorder vos sincères soutiens. Prier aussi pour lui et pour le P. François qui reste là comme son auxiliaire pastoral. Je me confie moi aussi à vos prières. Si je pars, c'est pour me permettre de boucler mes études pendant l'année prochaine. Et vous savez déjà où je m'en vais.

La vertu d'être réaliste me conduit à la fois d'accepter que, malgré tout, il y a eu des moments de faiblesse pendant ces années. C'est pourquoi je vous prie, comme le psalmiste face à Dieu, de pardonner mes insuffisances. On dirait qu'il devient de moins en moins facile d'être curé aujourd'hui. Comme le dit un auteur non identifié : « S'il prêche plus de 10 minutes : il n'en finit pas ! S'il fait court : il est superficiel ! S'il est en soutane ou en clergyman : il est intégriste ou psychorigide ! S'il est en civil : il a peur de montrer qu'il est prêtre ! S'il parle de contemplation de Dieu : il plane ! S'il aborde les problèmes sociaux : il vire à gauche ! S'il va travailler en usine : c'est qu'il n'a rien à faire ! S'il reste en paroisse : il est coupé du monde ! S'il marie et baptise tout le monde : il brade les sacrements. S'il devient plus exigeant : il veut une Église de purs ! S'il reste à la cure : il ne voit personne. S'il fait des visites : il n'est jamais là ! S'il réussit auprès des enfants : il a une religion de gosse ! S'il va voir les malades : il a du temps à perdre et il passe à côté des problèmes de son temps ! S'il fait des travaux à l'église : il jette l'argent par les fenêtres ! S'il ne fait rien : il laisse tout à l'abandon ! S'il collabore avec son conseil paroissial : il se laisse mener par le bout du nez ! S'il n'en a pas : il est trop personnel. S'il sourit facilement : il est trop familier ! S'il est distrait ou préoccupé, il n'a pas vu quelqu'un : il est trop distant ! S'il est jeune : il n'a pas d'expérience ! S'il est âgé : il devrait prendre sa retraite ! Je vous prie y compris des insuffisances dont je suis inconscient.
Dans l'esprit de remerciement et d'action de grâce pour ces belles années partagées avec vous et pour mes 10 ans de prêtrise, je chante le Magnificat. Je vous souhaite toutes les bonnes choses pour les années où nous ne nous verrons plus. Je serai sûrement en union de prières avec vous. Au revoir !

Dominic